C'est à ce moment que j'ai réalisé que j'allais être déracinée de mon monde et de mon pays et que j'ai compris que je voulais pas quitter ma Tunisie et m'installer ailleurs. Je ne peux pas vivre sans acheter le poisson frais à même la barque du pêcheur , je ne peux pas vivre sans le bruit de la camionnette du vendeur ambulant qui débarque dans le quartier et propose ses fruits et légumes du jour, je ne peux pas vivre sans la compagnie de mes amies, je ne peux pas vivre sans Sassou, je ne peux pas vivre loin de la brise marine de Carthage et de la Goulette , je ne peux pas vivre sans la cohue et le brouhaha des marchés hebdomadaires avec leurs étals de camelote, je ne peux pas vivre sans l'ambiance et les odeurs de Ramadan et des fêtes de l’Aïd et du sacrifice, et sans l'appel du muezzin à l'aube.Mais c'est trop tard, les billets ont été achetés, les réservations sont faites, les dés sont jetés , plus question de faire marche arrière .
Jusqu'à hier 17h00, j'étais une fée du logis. Pas évident pour un garçon, mais quand on a un papa qui perd régulièrement ses boutons et qui serait du genre à faire cuire des pâtes sans eau, il faut bien faire un effort. Seulement, il y a des limites. Si vous voulez tout savoir, j'en ai assez de vivre seul avec un savant fou, qui est capable de mettre le feu à la cuisine, tout en oubliant d'éteindre le robinet de la baignoire. Heureusement, ma copine Elsa a eu une idée géniale. « C'est une femme qu'il lui faut ! » m'a-t-elle dit. Elle a raison, mais comment savoir quelle femme pourra tomber amoureuse de mon père ? Elsa a réponse à tout : « Si une femme attrape les joues roses à cause de ton père, c'est qu'elle est prête à l'épouser, » m'a-t-elle répondu. Il paraît que l'amour fait rougir. Il ne nous reste donc plus qu'à trouver les joues roses et la dame qui va avec.
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