En Tunisie, près d'une femme sur deux a été victime, au moins une fois dans sa vie, de violence. Violences sexistes et sexuelles qui ont lieu d'abord dans le couple, ensuite dans la famille et dans l'espace public. Aujourd'hui, une femme est assassintée tous les quinze jours, par son partenaire actuel ou passé. Une chiffre effrayant et méconnu.
Le vieil alibi patriarcal invoquant les pulsions sexuelles ne peut expliquer ces crimes et abus. Les violences conjugales ne sont pas des orages passagers. Ce sont des violences réelles, physiques, morales, économiques et sexuelles, toutes reliées, qui se reproduisent et qui impriment durablement leur traumatisme dans les chairs et les esprits.
L'autrice procède à un examen précis et documenté, un travail de dénomination et de clarification des droits et des faits. Les droits de la femme progressent mais trop lentement et souvent d'une manière peu pertinent. Il faut relater les faits, dire, écrire, dénoncer l'innommable, mettre les mots justes sur les actes : au regard de la loi, ce qui est tu n'existe pas. Elle appelle à interroger les vrais ressorts, les genrer, replacer le circuit émotionnel, protéger les victimes, permettre l'applicabilitéde laa loi. Contre l'humiliation, contre la domination.
L'enjeu relève du sens de notre vie en commun, de notre humanité.