
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Iskander n'avait jamais cessé de revivre cette scène si courte, mais tellement forte et psychiquement accablante. Il la traversait désormais, en homme brisé, anéanti et désespéré à la prison civile de Mornaguia, accusé du meurtre de sa femme avec préméditation. En attendant son procès, il tournait en boucle cette séquencepoignante, à chaque instant, au fond de sa cellule, qui sentait la moisissure, les excréments, la transpiration nauséabonde et le spectre omniprésent de la Covid-19 en ce mois caniculaire d'août 2020. Une cellule qu'il occupait avec huit autres codétenus entassés, comme du bétail, sans la moindre intimité, plongés dans un quotidien d'une grisaille insupportable.