Sous le nom de Majnûn (le Fou) se cache un jeune homme qui n'a peut-être jamais existé. Car à ce sujet, histoire et légende sont inextricablement mêlées : l'histoire rapporte qu'au désert d'Arabie, dans la seconde moitié du vile siècle, circulent des poèmes chantant un amour parfait et impossible. Leurs auteurs, sous divers noms, se veulent, d'une tribu à l'autre, les meilleurs dans le genre, et pour avoir vécu cet amour, et pour le dire.
La légende, elle, évoque un jeune homme, Qays, qui tombe amoureux de sa cousine Laylâ. Alors que rien ne devrait s'opposer à leur mariage, Qays, poète, décide de chanter son amour à tous vents, enfreignant ce faisant une règle majeure du code bédouin. Dès lors, tout s'enchaîne : le refus de la famille, le mariage forcé de Laylâ, Qays sombrant dans la folie et allant vivre avec les bêtes du désert, sa mort enfin, d'épuisement et de douleur.
Homme de chair et de sang ou personnage inventé, Majnûn, de tous les poètes qui ont chanté l'amour dans l'Arabie de ce temps, est sans doute le plus grand.