Le Phédon raconte une mort, celle de Socrate. Mais le récit de ces adieux singuliers est l'occasion de tenir un discours différent à ce sujet. Car Socrate meurt après avoir parlé, après avoir arraché à la mort son « masque » effrayant de sorcière, et en pariant sur l'immortalité de nos âmes.
Avec lui, mort et philosophie se livrent au même travail que Pénélope, défaisant ce que la vie a tissé et délivrant l'âme de l'oubli d'elle-même.
Il est impossible de lire ce dialogue-là tout à fait comme on en lirait un autre. Platon, qui n'assistait ni à ce dernier entretien ni à ces derniers instants du maître, les élève à une vérité plus haute que toute exactitude historique. Et Socrate qui, « demain », ne sera plus là, est présent comme il ne l'a jamais été.
Un jour, elle a glissé un mot dans la poche d'un des pantalons qu'elle confectionnait pour une grande maison de couture. Un appel au secours enfantin. Depuis, elle est convoquée à la Sécurité, interrogée par un homme qui lui pose sans cesse les mêmes questions. Entre deux interrogatoires, il ne reste que des miettes de vie : un mari qui boit pour avoir moins peur, des parents pitoyables et des voisins qui n'osent même plus sortir de chez eux. Comment résister, comment éviter cette angoisse ? Elle ne répondra plus à la convocation...
Comme tant d'autres, Mevlut a quitté son village pour s'installer sur les collines qui bordent Istanbul. Il y vend de la boza, cette boisson fermentée traditionnelle prisée par les Turcs. Mais Istanbul s'étend, le raki détrône la boza, et pendant que ses amis agrandissent leurs maisons et se marient, Mevlut s'entête. Même si ses projets de commerce n'aboutissent pas et que ses lettres d'amour ne semblent jamais parvenir à la bonne destinataire. Il continue d'arpenter les rues comme marchand ambulant, point mobile et privilégié pour saisir un monde en transformation. L'histoire poignante d'un homme déterminé à être heureux.