La présente étude marque une étape importante dans notre compréhension renouvelée du fonctionnement de l’institution municipale parisienne sous l’Ancien Régime. Malgré la diminution des compétences de l’Hôtel de Ville de Paris face à celles du Châtelet et notamment avec la création de la lieutenance de police en 1667, la « Maison aux Piliers » avait toujours une place importante dans le quotidien de toute la population parisienne. La Seine, fleuve nourricier, était surtout l’espace fondateur du pouvoir municipal. La prévôté des marchands, malgré son déclin politique, continue d’une certaine manière, économique celle-là, à incarner l’intérêt commun des Parisiens en réglant concrètement et institutionnellement l’approvisionnement par voie fluviale de la grande métropole en denrées de première nécessité comme les grains, le bois, le vin, le sel, le charbon…La police économique consistait à assurer aux consommateurs une marchandise de qualité normale, de quantité loyale au prix fixé par les autorités. Une pléthore d’officiers avait pour mission de faire respecter les règlements. Ce livre invite à considérer cette dimension comme le cœur battant de l’administration municipale. Avec l’affermissement de la monarchie absolue, les officiers de la police économique municipale s’étaient transformés en collecteurs d’impôts. On touche ici à une question politique centrale : celle du rapport de la Ville aux exigences financières de l’État. Deux processus de long terme et en gros concomitants expliquent l’évolution du système : le premier local, lié à la dynamique interne du système municipal, l’autre général lié au développement de l’État monarchique. L’organisation en communautés des différentes catégories d’officiers de la Ville permettait ainsi de soutenir le crédit public. A partir d’une histoire des réalités quotidiennes de la vie municipale et loin des considérations politiques abstraites, ce livre montre que, la question financière posée à la petite bourgeoisie parisienne changea de face : elle se mit à tourner plus encore autour des différentes formes de vénalité qu’autour des rentes sur l’Hôtel de Ville.