Mohammad Jalâl al-dîn Rûmî (1207-1273) fut l'un des poètes les plus inspirés de la littérature persane et l'un des mystiques les plus incandescents de la tradition de l'islam spirituel. Il eut un maître qu'il aima plus que tout, qui lui donna accès à la musique des sphères, à la contemplation de l'invisible et à l'expérience de la théophanie. Son oeuvre tout entière, lyrique ou didactique, prose ou poésie, est le reflet de ses découvertes intérieures et de ses extases. Elle en épouse le rythme, en dévoile la violence, en caresse la douceur, en déploie les variations les plus subtiles. Elle est à la fois le miroir de son âme et une invitation à le suivre dans ce monde plus réel que le monde matériel, le monde des archétypes que les mystiques persans désignaient comme le "monde imaginal ". Elle pointe vers lâmahân, ce lieu qui n'est pas un lieu. Elle est hors du temps, et donc pour tous les temps. Elle est musique, image, offrande. Elle est comme l'amour véritable, une lucarne vers les profondeurs du soi et l'infini du ciel, un océan sans rivage.