A l'occasion du soixantenaire de l'Indépendance et du cinquième anniversaire de la révolution de Jasmin, la fondation Rambourg et Ridha Moumni, historien d'art souhaitent à travers cette exposition et ce catalogue mettre en lumière ce qui fut une période elle aussi charnière et fondatrice de l'histoire tunisienne : celle des grandes réformes du xixe siècle conduites sous les derniers beys de la Tunisie ottomane qui engagea le pays sur la voie de la modernité.
À travers l'art de cette période, c'est tout un pan d'une histoire oubliée qui sera dévoilé, rendant ce patrimoine culturel accessible à tous, et pour la première fois depuis plus d'un siècle. Dans l'écrin du palais beylical de Qsar es-Saïd, dernière résidence des souverains avant l'avènement du protectorat, les oeuvres seront sublimées par une scénographie exigeante et généreuse dans un souci de valorisation du patrimoine, et de médiation.
Le palais, qui pour la première fois se révèlera au public, mettra en lumière des chefs d'oeuvres d'exception témoignant des aspects de la vie culturelle politique et sociale de la Tunisie beylicale. Les peintures d'une qualité exceptionnelle en seront les pièces maîtresses, et dialogueront avec des costumes d'époque, le mobilier, les dessins, les manuscrits, les photographies les céramiques, afin d'offrir au visiteur un rendez-vous avec l'histoire de la Tunisie.
Ces différents objets ayant appartenus à l'ancienne classe dirigeante ou offerts par les souverains étrangers, donneront un aperçu spectaculaire et objectif de ce qu'était la situation culturelle et politique du pays au xixe siècle. D'un point de vue artistique enfin, ils apporteront au public le témoignage du raffinement et de la richesse de l'art à la cour tunisienne au croisement d'influences Européennes et ottomanes.
Les emprunts dont bénéficiera l'exposition seront exceptionnels. Des collections nationales tunisiennes sous les tutelles du Ministère de la Culture et du Ministère de la défense, de collectionneurs privés (en Tunisie et au Maroc) du musée de Lalla Hadria de Djerba et du Palais du Quirinal de Rome, siège de la Présidence de la République italienne. Pour la première fois seront présentés au grand public : les textes fondamentaux au coeur de la construction de l'état moderne tunisien, le texte d'abolition de l'esclavage, le pacte fondamental « Ahd al Aman », et le Dostour de 1861, première constitution du monde arabo-musulman.