La fosse de Marianne

« J’étais foutue. Totalement foutue. C’était fini. À partir de ce moment, ce n’était plus qu’une question de temps. Mais ce n’est pas comme si j’avais le choix. Je devrais être fière, je crois. J’avais réussi ; je ne ressentais pratiquement rien, pas même pour moi-même. Et le peu d’émotions qui réussissaient encore miraculeusement à remonter à la surface, ne perçaient jamais la paroi de mon masque de placidité constant. Cette méthode avait été le seul moyen, pour moi, de survivre, durant les quatre dernières années. Littéralement, survivre. J’étais un mur de glace. Un Iceberg ambulant. Vraiment. Sincèrement. Je ne faisais même plus semblant. Et j’avais encore quatre jokers, en ma possession. J’avais encore le contrôle de cette terrible mascarade.» Amélia Marianne Lebrun a passé les six dernières années à poursuivre un seul but : retrouver sa grande sœur. Pour y arriver, elle aura tout fait, tout commis, sans aucune hésitation. Et si atteindre ce but exigeait aujourd’hui qu’elle se livre, d’elle-même, aux gens dont elle a détruit la vie, il y a quelques années, elle n’hésiterait pas non plus. Parce qu’avec ses quatre secrets -ses précieux Jokers- bien gardés, elle savait pouvoir contrôler la situation, jusqu’au bout. Mais pour garantir l’aide de ses nouveaux partenaires, Amélia n’a pas d’autres choix que de dévoiler toutes ses cartes, l’une après l’autre. Et lorsque la tragédie la frappe de plein fouet, à nouveau, elle réalise qu’elle n’a plus qu’un seul Joker sous la main. Et, dans une partie où on n’a plus rien à perdre, le dernier Joker est parfois celui qui change toute la donne.