Dans les deux premiers volumes du triptyque des Califes maudits, Hela Ouardi nous avait fait revivre l’élection mouvementée du premier calife, Abû Bakr, et sa guerre totale contre les tribus arabes révoltées, suite de combats qu’il avait habilement qualifiés de « guerres d’apostasie ». Ce troisième et dernier volume nous plonge dans une véritable enquête policière, où se mêlent tout autant le politique et le religieux : le deuxième calife, ‘Umar, est assassiné en pleine mosquée, devant des dizaines de témoins, mais personne n’a rien vu ! L’assassin, un esclave perse, s’est, dit-on, donné la mort sitôt capturé, ou peut-être a-t-on voulu le faire taire ?
Fidèle à sa méthode, Hela Ouardi confronte les différentes sources premières de la tradition musulmane pour reconstituer la contre-histoire que le récit officiel s’attache à occulter sans l’effacer totalement. En restituant le portrait de ce personnage hors norme, bigot, à la fois calculateur et colérique, d’une extrême violence, elle montre qui avait intérêt à éliminer le calife, pourquoi, et comment ce projet a pu être mené à bien sans que personne, pendant près de quatorze siècles, ne songe à rassembler les preuves disséminées dans les textes les plus vénérés.
Une affaire politico-religieuse passionnante, qui s’avère décisive pour l’histoire de l’islam jusqu’à nos jours.