Yaïr Mozes, célèbre réalisateur israélien au crépuscule de sa vie, est convié à une rétrospective en son honneur à Saint-Jacques-de-Compostelle. En compagnie de Ruth, l'actrice qui fut jadis sa muse, il revoit ses oeuvres de jeunesse. L'épreuve est troublante pour le vieil homme qui croyait avoir fait le deuil paisible de ses émotions. Au coeur de ce voyage dans le passé, un énigmatique tableau,
accroché au-dessus du lit que Mozes et Ruth partageront chastement : une Charité romaine, où l'on voit une jeune femme allaiter un vieillard emprisonné. Qui écrit le scénario de nos existences ? Et si la vie n'est qu'un songe, peut-on in extremis en corriger les faux raccords, tel un film sur une table de montage ? Dans ce roman pétillant d'intelligence, l'un des plus grands écrivains israéliens scrute l'âme d'un homme qui se demande "comment ne pas renoncer au désir pendant le peu de temps
qui nous reste".
Heureux d'échapper à la monotonie de son académie militaire, le lieutenant Drogo apprend avec joie son affectation au fort Bastiani, une citadelle sombre et silencieuse, gardienne inutile d'une frontière morte. Au-delà de ses murailles, s'étend un désert de pierres et de terres desséchées, le désert des Tartares. À quoi sert donc cette garnison immobile aux aguets d'un ennemi qui ne se montre jamais ? Les Tartares attaqueront-ils un jour ? Drogo s'installe alors dans une attente indéfinie, triste et oppressante. Mais rien ne se passe, l'espérance faiblit, l'horizon reste vide. Au fils des jours, qui tous se ressemblent, Drogo entrevoit peu à peu la terrible vérité du fort Bastiani.