La création d'un Etat binational où Israéliens et Palestiniens seraient citoyens du même Etat a jadis été l'aspiration de nombreux intellectuels juifs critiques, de gauche comme de droite. Les prises de position en faveur du binationalisme, d'Ahad Haam dès la fin du XIXe siècle à Léon Magnes en passant par Hannah Arendt et beaucoup d'autres, pour qui le désir de créer un Etat juif exclusif sur une terre peuplée en majorité par des Arabes entraînerait un conflit violent et insoluble, se sont révélées tout à fait exactes.
Avec l'arrivée aux affaires de l'extrême droite en Israël, les massacres perpétrés parle Hamas et les bombardements de la bande de Gaza, la question d'un Etat binational est devenue une urgence pour toute la région. Lui tourner le dos n'y changera rien. Le binationalisme ne relève pas seulement du voeu pieux, mais aussi de la réalité présente : 7,5 millions d'Israéliens-juifs dominent, par une politique d'expulsion, de déplacement, de répression et d'enfermement, un peuple palestinien-arabe de 7,5 millions de personnes, dont une grande partie est privée de droits civiques et des libertés politiques élémentaires.
Il est évident qu'une telle situation ne pourra pas durer éternellement.