À 11 ans, Amélie Nothomb se prend de passion pour les oiseaux. À 12 ans, elle est victime d’une agression sexuelle. Ces deux éléments sans rapport l’un avec l’autre seront déterminants pour la romancière en devenir. « La violence des mains de la mer avait arraché la coquille, je n’étais plus l’oeuf que j’avais été. Oisillon dépourvu de plumes, il me faudrait accéder au statut d’oiseau. Cela serait monstrueusement difficile. » « Écrire, c’est voler », affirme-t-elle dans le trop bref Psychopompe, son 32e roman, où elle relate avec pudeur et gravité comment lui est venue sa vocation littéraire, puis le pouvoir d’accompagner les âmes des morts dans l’au-delà, tel l’oiseau psychopompe. Entre l’essai philosophique sur l’art d’écrire et le récit autobiographique, Psychopompe, dont les plus étonnants et touchants passages décrivent la genèse de Premier sang, récit consacré à son défunt père, s’avère le complément parfait à Stupeur et tremblements (Albin Michel, 1999), qui demeure sa plus grande oeuvre.